La résilience des mécréants – Prise de tête – La chronique de Normand Baillargeon – Voir.ca
Encore une fois, un excellent billet de Normand Baillargeon, qui, en plus d'être anarchiste et canadien, a le bon goût d'être fin et subtil.
A propos de souffrance et de la "supériorité" de l'athéisme sur la religion dans les moments difficiles.
"Lorsque surviennent des catastrophes comme celle qui s’est passée à Lac-Mégantic, nous sommes tous et toutes, mais surtout les personnes qui ont perdu des êtres chers, confrontés à certaines de ces graves, difficiles, mais aussi inévitables questions auxquelles on préfère souvent ne pas penser sur la fragilité de la vie, sur son inévitable fin, sur la souffrance et sur le mal.
Dans ces circonstances, le religieux ressurgit souvent. À Lac-Mégantic, on a même vu réapparaître l’idée de miracle: ce seraient en effet les prières du curé qui auraient fait en sorte que l’église du village aurait été épargnée des flammes."
En commentaire sur Facebook, il y avait ça, tiré du "Que sais-je ?", sur le Diable, page 3
« Le diable est un être de raison. Loin d’être une créature irrationnelle, il résulte des efforts de l’esprit humain pour trouver une explication logique au problème du mal. Explication mythique pour les incroyants, réelle pour les croyants : la différence est plus faible qu’il n’y paraît. Car un mythe peut se révéler aussi autonome et aussi efficace qu’une personne réelle. Chargé des fantasmes collectifs et individuels, le mythe prend vie et agit. Dans la culture occidentale chrétienne, qui a le plus poussé la réflexion sur le mal, le diable joue un rôle capital, encore actif de nos jours.
Le diable est inséparable de Dieu. Il fait partie des systèmes d’explication religieux du monde, car il est un esprit, un être surnaturel, totalement exclu d’une vision matérialiste de l’univers. Mais, même dans le cadre des religions, son existence n’est pas affirmée au même degré. Les polythéismes n’ont pas vraiment besoin de lui : la multitude des dieux, qui limite la puissance de chacun et engendre des rivalités entre eux, suffit à expliquer l’existence du mal, provoqué par ces êtres ambivalents, à la fois bienfaiteurs et destructeurs suivant leurs intérêts. Par contre, les religions monothéistes ne peuvent pas se passer du diable : s’il y a un dieu unique, il est à l’origine de tout, du bien comme du mal ; la seule façon d’éviter ce scandale est de trouver un subterfuge permettant d’expliquer comment le mal est possible. Ce subterfuge, c’est le diable ; il n’y a pas d’autre issue. Encore faudra-t-il pouvoir expliquer comment un être inférieur a ainsi pu perturber la création du Tout-Puissant. »
Thu 25 Jul 2013 06:22:25 AM GMT - permalink -
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http://voir.ca/chroniques/prise-de-tete/2013/07/24/la-resilience-des-mecreants/