« Le malheur français, c’est quelque chose qu’on emporte avec soi » | Rue89
Un paragraphe d'une interview de Claudia Senik, qui travaille sur l'économie du bonheur à la Paris School of Economics. Titre de son étude: The French Unhappiness Puzzle : the Cultural Dimension of Happiness.
Il y a une partie spécifiquement consacrée à l'école, reprise ci-dessous.
Quel rôle joue l’école dans la fabrication de la mélancolie française ?
Avec les données dont je dispose aujourd’hui, je n’ai pas pu identifier les facteurs qui façonnent cette mentalité. On manque de données sur le bien-être des enfants. Je partage les conclusions des frères d’Iribarne, qui ont écrit qu’il y avait une contradiction dans le système français entre élitisme et égalitarisme. On dit à tout le monde : il y a égalité des chances.
Mais on a un système super élitiste et unidimensionnel. On demande aux gens d’appartenir aux 5% des meilleurs (mais par définition, tout le monde ne peut pas y être), on les classe, et on considère que seuls le français, les maths et l’histoire comptent. On se fiche complètement qu’ils excellent en sport, en peinture, en musique, en conduite de projets...
Il y a donc très peu de gens qui ont l’impression d’être vraiment au top. Ils se voient comme étant en échec ou moyens. A force d’être éduqués avec cette échelle de 0 à 20, beaucoup finissent par se voir au milieu de l’échelle. L’école française a plein d’avantages, elle produit des gens très bien formés, mais ce n’est pas l’école du bonheur.
On connaît un autre extrême : une école où l’on dit sans arrêt aux enfants « c’est bien », « c’est merveilleux », « c’est formidable », « tu es vraiment génial », « great », « wonderful », « gorgeous »...
Fri 19 Apr 2013 06:42:31 PM GMT - permalink -
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