Copie-paste d'un message écrit ailleurs à la demande du sieur Nébal, + des propositions d'autres, en dessous.

Bon, pas évident de trouver de l'anar un peu funky à lire, d'autant que l'étiquette est large (voire mouvante).
Allons-y, donc:
- Daniel Guérin, l'anarchisme (édition révisée de 81). Daté, mais pas autant qu'on pourrait le penser. Permet de zapper la lecture de moults grands anciens, en 270p. En poche.
- Le micro-chapitre du bouquin de Razmig Keucheyan sur Noam Chomsky et Daniel Colson. C'est minime, très, mais c'est une porte d'entrée. Avec un crtl-f pour naviguer, c'est ici, http://www.editions-zones.fr/spip.php?page=lyberplayer...
- Murray Bookchin, Le municipalisme libertaire. Ca, c'est intéressant. Lourdement débattu, mais vaut le coup d'oeil. Un nanar' qui revendique une participation aux élections. Donne une idée d'adaptation d'un système poilitique anarchiste au XXIème siècle (quoique l'idée de base est pas neuve).
- Normand Baillargeon, l'Ordre moins le pouvoir. Un "pote" à Chomsky, lui, donc raccord avec ses positions "tactiques" sur l'Etat (et nord-américain, ce qui explique sans doute cela, vu la puissance du marché, de mon point de vue). Récent, facile, bien écrit. Une excellente porte d'entrée que je conseille régulièrement. En poche aussi.

Si tu as des sous ou une bibliothèque sur le thème pas loin, picorer Daniel Guérin, Ni Dieu, ni Maitre est pas dégueu. C'est une anthologie bien épaisse, avec un balayage assez large (quoique très européen). L'intêret est surtout sur les débats et le concret quotidien des anar du XXème. La relation de la rencontre entre Makhno et Lénine est assez funky, entre autres. Mais daté, là aussi. Pas en poche, épuisé, rare et cher (autour de70/80roros en occas')

Le maitron, oui, est important (il continue à être édité et actualisé aujourd'hui).

Sinon, mais j'ai pas encore pris le temps de fouiller, ce qu'à écrit Emma Goldman a l'air assez fameux...

Voir, sinon, en demandant au CIRA, à Lausanne. Ils seront ravis de te répondre ou de te diriger, je pense...

Voilà, c'est léger, mais entre le Guérin et le Baillargeon, c'est un bon début. Faut savoir un truc, quand même, c'est que c'est un peu la jungle, pour se faire une idée un peu large de où on en est. Les bouquins sont très liés au contexte (un anar palestinien de Gaza aura pas du tout les mêmes positions qu'un anar chinois ou qu'un nord américain, parce que le contexte influe beaucoup) et la "souplesse" du concept demande du temps et de l'huile de cerveau avant de se faire une idée un peu moins brumeuse. Et je ne parle même pas des brochures en tout genre... (ici, par exemple: infokiosque.net).

PS: j'y pense, juste avant d'envoyer. Le site de http://claudeguillon.internetdown.org/ est aussi un point d'entrée intéressant, notamment pour ce qui concerne le coté "individualiste" de l'anarchisme.

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+ http://refractions.plusloin.org/ (avec Daniel Colson dans les membres du comité de rédaction)
+ Le maitron: http://raforum.info/spip.php?article807&lang=en
+ http://www.danielguerin.info/tiki-index.php?page=La+synth%C3%A8se+entre+l%27anarchisme+et+le+marxisme
+ Rosa Luxembourg
+ Makhno et Voline

A re-regarder, pour mémoire, même si ça sent un peu l'hagiographie anar', et en attendant de mettre la main sur son bouquin et sur celui de Voline.

Selon Félix Guattari et Gilles Deleuze, ont peut distinguer au sein de nos vies la ligne dure, la souple et la ligne de fuite. Les lignes dures sont celles du pouvoir établi. Rester sous leur contrôle signifie se contenter de passer d’une forme de domination à une autre: de l’école à l’université, puis au travail pour finir à la retraite. Les lignes dures ont l’avantage redoutable de nous assurer un avenir: une carrière, une famille, une vocation à réaliser. Les lignes souples voguent quant à elles autour des lignes dures en les défiant sans les remettre en question: désirs cachés, rêveries, fantasmes, discussions à voix basse entre collègues, commérage. La ligne souple est celle de la délinquance, celle du petit refus de respecter le règlement, celle de la grève, de l’absentéisme au travail et des cours séchés. La ligne souple finit toujours par rejoindre la ligne dure et en constitue en quelque sorte sa soupape de sûreté.

Il y a ensuite les lignes de fuite, celle qui ne nous ramènent jamais au point de départ. Ces lignes de fuite ne définissent pas un avenir mais un devenir. Il n’y a pas de programme, pas de plan de carrière possible lorsque nous sommes sur une ligne de fuite; la destination est inconnue, imprévisible — c’est un devenir, un processus incontrôlable, notre ligne d’émancipation, de libération.

C’est sur une telle ligne qu’on peut enfin se sentir vivre, se sentir libre.
* * *

La ligne de fuite est la ligne du risque. Elle est dangereuse parce qu’elle est réelle et pas du tout imaginaire. En fait, ce sont les lignes souples qui sont de l’ordre de la représentation: rêveries, fantasmes, messes électorales, utopies révolutionnaires… Mais avant de suivre une ligne de fuite, il faut pouvoir la tracer, car sinon cela peut mener à la catastrophe, la paranoïa, le suicide, la solitude, l’alcoolisme, la dépression. Elle devient alors ligne d’abolition, lorsque l’individu fuit les autres au lieu de fuir les dispositifs du pouvoir. Mais même à plusieurs, la fuite peut mener directement dans un trou noir, une secte , un groupuscule de lutte armée, la prison, la mort. Dans ce cas, la fuite des lignes dures mène à des lignes beaucoup plus dures encore.

Notre vie est un écheveau inextricable de lignes entremêlées. Aux multiples dispositifs de pouvoir correspondent autant de lignes dures autour desquelles s’entortillent une myriade de lignes souples. Et de chaque dispositif offre de multiples désertions possibles. Il ne faut toutefois pas croire que l’ émancipation globale se résume à la fuite de tous les dispositifs de pouvoir. Il ne faudrait pas non plus commettre l’erreur de vouloir faire de l’émancipation une fin en soi en unifier les lignes de fuite en un programme politique. Car les lignes de fuite sont autant de libérations que de difficultés et de dangers.

Recension à garder sous le coude, à propos de sytèmes politiques sans Etat. Avec des noms d'auteur pour approfondir dedans.

Edit: avec la préface,ici: http://www.contretemps.eu/lectures/bonnes-feuilles-zomia-lart-ne-pas-%C3%AAtre-gouvern%C3%A9-james-c-scott

Edit du 21/07/2014: Recension de Joseph Confavreux, chez Mediapart: http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/200213/l-art-de-ne-pas-etre-gouverne?onglet=full

C'est très très appétissant...

Baillargeon, comme d'habitude, est très pédago, très compréhensible et très accessible, même sur les sujets sur lesquels je serais plutôt en désaccord (son côté très rationnaliste, en particulier).

A noter, malgré tout, que Rage Mag a une certaine tendance à virer rouge-brun, ces dernier temps.

Daniel Colson: philosophie anarchiste (voir là: http://raforum.info/article.php3?id_article=4257)
Feyerabend: épistémologie anarchiste (ou anarchiste épistémologique) (voir plus bas)

Feyerabend, dont l'existence a été signalée par Patrice Ville l'autre jour, qui l'a developpé et poussé. C'est, intellectuellement, assez abyssal. Là aussi, il va falloir creuser le sujet, et, malheureusement je n'ai qu'une seule pelle.
A noter, tout de même, les critiques à l'encontre de l'anarchisme politique (de certaines visions de l'anarchisme politique, devrais-je dire). Très intéressant, et répondant à certaines questions qui me titillaient.

Une citation, parmi d'autres, à retenir:
"La libération de la Société passe avant toute chose par la libération du savoir, et la Science ne peut réellement servir la Société et progresser, que si elle est organisée librement."
Il y a quelquechose d'intéressant à creuser, là, vu l'effet de la diffusion au grand public de l'accès à Internet depuis les années 90. Un argument supplémentaire à ajouter aux bagarres contre les contrôles étatiques et marchands du réseau pour en conserver la neutralité (en particulier).  

Grpmf, tellement de choses à étuider et à lire, et trop peu de temps...