N°500 des cahiers pédagogiques, un compte-rendu.

Hier, la revue pour enseignants « les cahiers pédagogiques » fêtait son 500ème numéro en organisant deux tables rondes sur des sujets en rapport avec les médias et le numérique. Les sujets m’intéressant beaucoup, de même que les gens gravitant autour du journal, je suis donc allé profiter des confortables fauteuils en ouvrant grands les oreilles.

Le programme


Un peu de contexte, avant toute chose. La revue a démarré en 1945 à l’époque du plan Langevin-Wallon comme un bulletin de liaison entre enseignants. Si la formule a changé, la philosophie générale reste la même 65 ans après. Elle a la particularité d’ouvrir ses colonnes à tous les enseignants qui souhaitent écrire dedans et d’avoir un positionnement « politique », au sens large du terme, que je qualifierai de social-démocrate, ou, en tout cas, pas trop radical. Le but (implicite?) est de changer les pratiques, voire plus, par l’exemple. Dit autrement, de tenter de changer la société en montrant que, dans les classes, il y a des choses qui fonctionnent et qui gagneraient à être partagées par tous. Le ton se veut pragmatique et dégagé de tout discours idéologique.
Autant le dire tout de suite, si la revue est un des nœud du réseau (surnommé par d’autres) « pédagogistes », c’est à dire de ceux qui pensent que la manière d’organiser la classe et les enseignements a une importance essentielle dans la réussite des élèves, elle n’est pas si connue que cela en dehors d’un milieu diffus de « militants pédagogiques ». J’ai l’impression, notamment, qu’elle est plus lue dans le secondaire que dans le primaire.

Un petit aparté, avant de continuer, néanmoins: il aura beaucoup été question, pendant cette journée, de la bagarre idéologique entre « républicains » et « pédagogistes ». J’aimerai éviter de perdre tout le monde avec ça, d’autant que c’est assez nébuleux et qu’expliquer en quoi elle consiste prendrait des pages, si tant est qu’elle existe ailleurs que dans les esprits. Il faut en dire quelques lignes, malheureusement. Il s’agit d’un conflit virulent entre deux grandes manières de concevoir l’éducation. Le champ de bataille, beaucoup plus que dans les classes, se situe essentiellement dans les médias et les rayons des librairies (assez peu dans les ministères, par contre). Elle oppose, avec d’infinies nuances et de nombreuses variantes depuis un bon siècle, les progressistes et les conservateurs, ceux qui veulent une école pour tous et ceux qui veulent une école d’élite, les partisans des bonnes-vieilles-méthodes-qui-marchent et ceux qui cherchent à faire mieux, les instituteurs et les profs du secondaire, la gauche et la droite, etc… Ce « etc… » résume toute l’ambiguïté du sujet, parce qu’au final, personne d’un peu honnête n’en sait vraiment rien, surtout quand on s’aperçoit que les différences dans la manière de faire classe sont plutôt minces.
D’autant qu’il vaut mieux avoir deux camps, quand il y a bagarre. Ici, les « républicains » sont un peu seuls sur le champ de bataille, parce que les « pédagogistes » ont autre chose à faire que de répondre aux braillements et à la malhonnêteté d’en face. Si vous voulez vous faire une idée, faites un tour sur le blog du Eric Zemmour de l’éducation.

Ca se passait donc dans les locaux de la MGEN, pas loin de Montparnasse, dans une belle et grande salle, équipée d’un matériel impressionnant: vidéoprojecteur de compétition, caméra rotative pour faire de beaux plans de la salle, sono aux petits oignons, etc… Pas de doute, ça en jette. Si j’étais de mauvaise foi, je pourrai tiquer sur l’utilisation de l’argent que j’ai versé à la MGEN pendant des années et dont je n’ai pas vraiment revu la couleur quand il a fallu payer mon dentiste…

9h30-10h00
Après l’inévitable café, dont le , reste de permettre à chacun de discuter, revoir les amis ou mettre des visages sur des gens croisés uniquement sur le net, ça commence avec une série de discours.

10h00 – Les discours
Autour de 170 personnes, avec pas mal de personnes à responsabilités et/ou connues. En vrac, en plus de ceux présents aux tribunes: Claude Lelièvre, historien médiatique de l’éducation, Sylvain Connac, prof des écoles qui écrit des bouquins géniaux, et membre éminent de mon panthéon professionnel, Bernard Defrance, philosophe, Louise Tourret, productrice sur France Culture ou Jean Jacques Hazan, président de la FCPE. Le public est socialement assez homogène à première vue (assez mixte, moyenne d’âge élevée, absolument pas coloré). Ca donne une bonne indication du .

Arrivée du ministre, suivi par quelques types faisant furieusement penser à des gardes du corps (à moins que ce ne soit que des participants endimanchés ?). Les trois discours s’enchainent heureusement assez vite. Passons rapidement sur le premier, par le secrétaire général de la MGEN, mais assez peu intéressant sur le fond.

Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale


Passons à peine plus lentement sur celui de Vincent Peillon, venu vendre sa loi d’orientation et de programmation et montrer à quel point il y a des convergences entre l’action des cahiers pédagogiques et celle qu’il veut impulser. Pas d’annonce particulière, pas un mot plus haut que l’autre, à part une petite soufflette discrète sur les « républicains ». Rien de révolutionnaire, mais ça fait du bien à entendre. Il a d’ailleurs été longuement applaudi (un peu trop à mon goût, vu ce qu’il a dit, mais après 5 ans de maltraitance, je peux comprendre).

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Phillipe Watrelot, pas sous son meilleur profil (toutes mes confuses)


, enfin, qui finit par un brin d’histoire du journal et de contexte. Intéressant, quelques traits d’humour. Egal à ce qu’on peut lire de lui sur internet, finalement.
A noter, quand même, la fierté d’avoir un ministre à la tribune était quelque chose de prégnant dans son discours. La reconnaissance de l’institution est toujours un moteur aussi important chez les profs, visiblement…

10h30 – Comment la pédagogie (et l’école, par extension), sont traités dans les médias traditionnels ?

La tribune réunissait un panel de gens intéressants. Une journaliste à l’express.fr (et ex de l’AEF, l’agence de presse spécialisé sur l’éducation), ici en qualité de présidente de l’association des journalistes spécialisés sur le sujet, un enseignant qui prépare une thèse sur les relations médias-école depuis 1959 (si cette dernière est au niveau de son discours, elle promet d’être passionnante…), un historien de l’éducation (autre que Claude Lelièvre ou Antoine Prost, ça change) un peu en dessous, en terme de qualité, peut-être parce que moins rodé à l’exercice. Une chercheuse et directrice de collection belge, qui a travaillé à l’OCDE (avec un discours un peu critique sur PISA, merci), bien péchue.